Diodème passait la plupart de ses heures de liberté dans les archives du village. Je voyais parfois sa fenêtre éclairée très tard dans la nuit. Il vivait seul, au-dessus de l’école, dans un logement exigu, inconfortable et poussiéreux. Les livres, les documents et les registres des temps anciens étaient tout son mobilier. « Ce que je voudrais, c’est comprendre, m’avait-il avoué un jour. On ne comprend jamais rien, ou très peu de choses, avait-il poursuivi. Les hommes vivent un peu comme les aveugles, et généralement, ça leur suffit. Je dirais même que c’est ce qu’ils recherchent, éviter les maux de tête et les vertiges, se remplir l’estomac, dormir, venir entre les cuisses de leur femme quand leur sang devient trop chaud, faire la guerre parce qu’on leur dit de la faire, et puis mourir sans trop savoir ce qui les attend après, mais en espérant tout de même que quelque chose les attend. Moi, depuis tout petit, j’aime les questions, et les chemins qui mènent à leurs réponses. Parfois d’ailleurs, je finis par ne connaître que le chemin, mais ce n’est pas si grave : j’ai déjà avancé. »
— Philippe Claudel, Le rapport de Brodeck
Merci !
Très intéressant. Captivant…
Je vous ai « piqué » quelques informations de votre site Généanet, concernant les Diehl.
Surtout, CONTINUEZ!
Cordialement
Patrick APPERT dit « renaules » sur Généanet.