Intermède littéraire

« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. C’était après un orage, dans cette odeur de terre et de pierres mouillées qui réveille si bien en nous un écho oublié, venu du fond des âges. Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression – la conviction ? – qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

— Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

2 réflexions sur « Intermède littéraire »

  1. Et Signol continue : « C’est ce jour-là que j’ai ressenti le besoin de faire revivre ces êtres auxquels je dois tout, et grâce auxquels les miens sont passés,comme beaucoup de familles françaises, de la basse paysannerie à l’Université en moins de soixante ans »
    Toi, tu redonnes vie à leur mémoire par tes recherches…
    Nous attendons la suite avec intérêt et impatience !

    Tes parents

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